Médecins de l’éducation nationale, un choix des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics tergiversent pour faire l'effort qui leur est demandé afin de préserver l'exercice de la médecine scolaire au sein des écoles. Pourtant, il s'agit bien d'assurer avec ces professionnels l'accès de chaque élève à la réussite de son projet de vie quelles que soient ses fragilités.

médecins de l'éducation nationale - médecins scolairesMédecins scolaires et Loi de finance 2017 : des mesures d’attractivité renforcées pour la profession sont demandées

Le rapporteur de la loi de finance 2017 rappelle que l’absence de bilan de santé de la sixième année pénalise avant tous les élèves issus des milieux les plus défavorisés, qui n’ont pas un accès régulier à un médecin. Il affirme que la non-réalisation de ces examens va à l’encontre de l’objectif de réduction des inégalités.

Le rapporteur de cette loi réitère les préconisations qu’il a formulées les années précédentes, en particulier : 

  • l’amélioration de l’attractivité de la profession de médecin scolaire ;
  • l’accueil d’internes et le recours accru à des contractuels et vacataires, impliquant une revalorisation du taux de vacation, fixé aujourd’hui à 21 euros de l’heure ; 
  • la conduite systématique d’une première visite de filtrage par les personnels infirmiers avant le bilan de la sixième année. 

Ces préconisations trouvent un écho dans l’évaluation de la politique de la santé scolaire, menée dans le cadre de la modernisation de l’action publique (MAP) par les inspections générales de l’éducation nationale (IGEN), des affaires sociales (IGAS) et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR).

Le rapporteur pour avis invite le ministère à publier ce rapport* et à en suivre les recommandations, en particulier celles visant à « garantir des modes de travail coopératifs entre médecins et infirmiers » et à « porter les effectifs réels des médecins scolaires à hauteur des effectifs budgétaires grâce à des mesures d’attractivité renforcées »

*(IGEN, IGAENR, IGAS, Évaluation de politique publique – Place de la santé scolaire dans la santé des jeunes, rapport n° 2015-083R (IGAS) et n° 2016-028 (IGEN-IGAENR), avril 2016.)

Quelles mesures nous sont proposées ?

En réponse à ces préconisations, le ministère de l’Éducation nationale propose dans le cadre du protocole Parcours professionnels, carrières et rémunérations – PPCR, une modification de la grille indiciaire des agents, avec un nouvel accès vers le Hors échelle B pour 30 pour cent d’entre eux. Ajouter à la bascule point prime, c’est un début de revalorisation… mais bien moindre que celui qui était attendu.

Un choix politique en faveur d’autres acteurs, ceux de la médecine libérale ?

Il n’est pas permis de faire plus, nous a-t-on dit, le ministère des finances et celui de la fonction publique ne nous en ayant pas donné les moyens !

C’est un véritable choix politique en faveur d’autres acteurs, peut être ceux de la médecine libérale pour laquelle la CNAM a prévu de financer la consultation obligatoire de l’enfant (COE) à 39 euros au 1er mai prochain pour les généralistes et les pédiatres, consultation qu’il est prévu de porter à 46 euros au 1er novembre ( source CNAM). De quoi inciter nos confrères libéraux à prendre réellement le relai quant à la prévention chez l’enfant et l’adolescent, sans plus avoir besoin de renforcer le service public !

La médecine scolaire et la réforme des études de médecine :  vers une Formation Spécialisée Transversale ?

Du côté de l’enseignement supérieur, les choses s’accélèrent.

C’est dans le cadre de la réflexion sur la réforme des études de médecine qu’il est proposé de mettre en place une formation spécifiquement dévolue à la médecine scolaire qui prendrait la forme d’une Formation Spécialisée Transversale (FST) ouverte à plusieurs spécialités médicales dont la médecine générale. Les FST s’inscrivent dans la formation initiale (à partir de la 2éme partie du 3éme cycle) mais également en formation continue pour les professionnels déjà en activité depuis quelques années.

Les syndicats de médecins scolaires n’ont pas été associés à cette réflexion qui aurait été déjà validée au cabinet de la ministre en décembre 2016.

On conçoit que c’est une réelle avancée pour la diffusion (on évitera le terme vulgarisation) de notre exercice qui était jusqu’à ce jour, grâce au concours national puis à la formation à l’EHESP, une vraie spécialité même si cela n’a jamais été reconnu comme tel.

Cette nouvelle formation qui serait ouverte à de nombreux médecins est un progrès sociétal pour l’enfant et l’adolescent, pour une meilleure connaissance des problématiques de son travail d’élève et de son bien être dans le cadre de l’école.

Mais n’est-ce pas aussi la porte ouverte vers une médecine scolaire hors les murs de l’école, sans plus de nécessité d’un concours national, d’une formation à l’EHESP ou de la nécessité d’être employé par l’éducation nationale pour l’exercer ?

Il reste à rappeler que les problématiques les plus complexes de la médecine dite scolaire, ne s’appréhendent réellement bien qu’au contact des établissements scolaires, de tous leurs personnels et de la connaissance parfaite du fonctionnement de l’école. Il restera à construire cette nouvelle formation en intégrant cette nécessité.