Après avoir tenté de cerner la question du populisme dans le dernier encart Retraités, nous vous proposons aujourd’hui une réflexion sur les racines de ce populisme en France.
Un esprit d’insurrection
On peut déjà y voir un esprit d’insurrection contre l’ensemble du système politique, contre les institutions et la classe politique qui l’incarne.
Le Rassemblement national s’est construit sur cette trajectoire politique déjà ancienne. Son fond de commerce, qui n’a pas changé depuis des années c’est l’immigration, le wokisme, la bureaucratie et ce qu’il considère comme une réalité, l’écrasement fiscal. On peut y ajouter le culte du leader, aujourd’hui Marine Le Pen et demain Jordan Bardella ?
Contrairement à d’autres pays européens et aux États-Unis le populisme français est bien moins libertaire.
La religion moins centrale en France que dans d’autres pays
La question religieuse n’est pas essentielle sauf pour les maurassiens du mouvement zemmourien et de celui de Marion Maréchal Le Pen, qui risque lui de se fondre dans le Rassemblement national. Certes le catholicisme occupe un rôle central dans l’histoire de France et dans son identité mais il n’est incarné dans aucun parti. Dans l’ensemble des pays européens il y a un courant national conservateur dont on a pu voir dernièrement les effets dans l’élection présidentielle en République de Pologne. La France elle apparaît bien comme déchristianisée et sécularisée.
S’il y a un programme national conservateur populiste libéral en France, il n’agit nullement sur les mœurs et la sexualité. L’essentiel reste l’immigration et une inquiétude autour de l’insécurité.
Les catholiques traditionalistes ne partagent pas les options du Rassemblement national. Soutenus par Pierre-Édouard Sternin et la puissance de communication du groupe de Vincent Bolloré, ils défendent les valeurs morales liées au christianisme. Pour le Rassemblement national c’est une simple affaire pour se réclamer « Français de souche ».
Une attente de reconnaissance et un sentiment de déclassement
Le vote Rassemblement national n’est plus une simple réaction, un vote contestataire, il est bien ancré, lié à l’immigration mais aussi au sentiment de déclassement, le sentiment d’être méprisé, d’être marginalisé. Les électeurs du Rassemblement national demandent à être reconnus.
La préoccupation des Français reste bien la question de l’intégration sociale et ce sentiment de déclassement. On assiste alors à une radicalisation de notre société, à une révolte contre l’idéologie dominante et la classe politique. L’immigration reste la question la plus importante comme en Pologne avec les Ukrainiens, en Allemagne avec les Turcs, aux États-Unis avec les Mexicains et en France avec les « Arabes ».
Un déni de démocratie
Le po
pulisme se construit sur un déni de démocratie et ce qu’on peut considérer comme un verrouillage institutionnel.
Le wokisme né de courants de recherche estime que les injustices sociales sont produites par un « système d’oppression » subi par les individus en raison de leurs identités, leurs origines sociales, leur genre, leur sexualité,… Le problème c’est qu’on ne construit pas un appareil politique sur une addition de minorités, avis à la gauche.
Un ascenseur social en panne
On ne peut pas conclure ce texte sans évoquer la question de l’ascension sociale. Toutes les enquêtes montrent que nous vivons de plus en plus dans une société d’héritiers. Que l’ascenseur social est en panne. Que notre société se reproduit à l’identique ce qui nous amène au rôle de l’École, déconsidérée le plus souvent, et qui n’attire plus suffisamment de candidats à l’enseignement et dont les récentes publications sur les résultats des élèves fragilisent encore davantage cette institution qui a son rôle à jouer dans notre Démocratie.
Bernard Valentini
Membre du bureau UFR