Cette déclaration est lue quelques jours après l'annonce du Décès de Mylène Jacquot, Secrétaire Générale de l'UFFA Fonction Publique.
Hommage à notre camarade et collègue Mylène Jacquot
Avant toute chose, je voudrais rendre un hommage appuyé à la mémoire de Mylène Jacquot, notre camarade et collègue que certaines et certains d’entre vous ont pu rencontrer à diverses occasions. C’est une perte immense pour notre fédération et toute la maison CFDT que la disparition de cette camarade et militante d’exception dont les compétences et la finesse d’analyse ont permis d’importantes avancées pour les agents publics. C’était une très grande militante engagée pour la défense de la fonction publique. Et elle restera une figure marquante de notre syndicalisme. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches.
École Inclusive et AESH : la santé et la sécurité au travail ne sont pas garanties
Après une semaine de mobilisation CFDT en novembre pour permettre aux AESH d’exprimer leur vécu professionnel et leurs revendications, et permettre aux autres personnels de s’exprimer sur la mise en œuvre de l’école inclusive, une nouvelle semaine de mobilisation intersyndicale est organisée en ce moment. Ce que nous disent nos collègues AESH est éloquent :
- non prise en compte des situations familiales ou professionnelles dans leur organisation du travail alors qu’elles doivent souvent cumuler un deuxième emploi
- mutualisation à outrance sans effet pour l’inclusion des élèves, mais conséquente sur la dégradation des conditions de travail et de santé au travail des aesh,
- une formation indigente.
Il est plus que temps d’identifier les compétences professionnelles mises en œuvre, de requalifier ce métier en l’inscrivant en catégorie B et de proposer un parcours de formation de qualité.
Sur la mise en œuvre de l’École inclusive, les difficultés d’accueil se multiplient et le ministère doit entendre les très nombreuses alertes : les personnels, qu’ils soient enseignants et même inspecteurs sont dans l’impasse, car des solutions ne relèvent pas des compétences professionnelles de l’École, mais des compétences professionnelles du médico-social.
Depuis le début de la mise en œuvre de l’École inclusive, nous le disons : le ministère a créé une nouvelle mission sans en prévoir les moyens pour permettre à l’École de s’adapter, avec des effectifs gérables, avec une organisation adaptée de la scolarisation et une présence permanente des professionnels du médico-social quand la situation de handicap l’exige… Il y a grande urgence à trouver des solutions qui, nous le rappelons, ne sont pas d’ordre pédagogique, mais bien thérapeutiques et /ou relevant de l’éducation spécialisée, du médico-social… Le ministère ne peut pas laisser des personnels dans un désarroi extrême qui les conduit à l’épuisement professionnel. La santé et la sécurité au travail ne sont pas garanties et c’est grave.
Cette situation contribue également à la banalisation des idées d’exclusion contraires aux valeurs de l’École républicaine. Il est donc très urgent d’examiner la situation et d’envisager des mesures concrètes, pas juste du conseil !
Les moyens doivent être redéployés au profit de l’inclusion et des transitions écologiques et numériques
Aujourd’hui, nous aurions dû examiner les moyens prévus pour la rentrée scolaire 2026 ; les aléas politiques de ces derniers mois retardent cet examen, mais d’ores et déjà, nous rappelons que notre système éducatif a besoin des agentes et agents qui font l’École, quels que soient leur métier et leur mission. La santé au travail des personnels et le bien-être des élèves ainsi que la qualité de leurs apprentissages dépendent des moyens humains déployés. C’est pourquoi, face à la baisse démographique annoncée, les moyens existants doivent être redéployés pour améliorer les conditions d’enseignement et d’accompagnement des élèves. C’est une des conditions pour retrouver un système scolaire émancipateur qui permette aux personnels de faire leur métier sereinement et aux élèves de suivre une scolarité apaisée et réussie. La baisse démographique est une opportunité pour permettre l’adaptation de l’École qui doit intégrer les enjeux de l’inclusion, des transitions écologiques et numériques. Ces enjeux transforment progressivement nos métiers et l’organisation du travail doit les prendre en compte. Comment cela est-il pris en compte dans les orientations budgétaires ministérielles afin que les conditions de travail et d’enseignement en soient améliorées ?
Les conditions de travail actuelles des personnels, quel que soit leur métier, ne sont pas satisfaisantes ; l’intensification du travail s’amplifie, l’organisation du travail n’est pas interrogée, et ce, dans tous les métiers.
Des rémunérations toujours pas à la hauteur
À cela s’ajoute une forte amertume des personnels de ne pas bénéficier d’évolutions salariales et de voir de fait leur pouvoir de vivre diminuer, et cela, sans compter la baisse de l’indemnisation du CMO à 90%. Cette mesure est très injuste tant elle sanctionne davantage les femmes très nombreuses dans notre ministère. De plus, nos métiers qui nous conduisent à être en relation avec du public sur des temps longs génèrent bien plus facilement des pathologies allant de la maladie saisonnière à l’épuisement professionnel qui faute de solutions apportées par l’employeur public conduisent les personnels à se mettre en arrêt, ou pas, jusqu’à la détérioration grave de leur santé. Quelles mesures le ministère compte-t-il prendre pour prévenir et compenser cette situation ?
Sur les rémunérations proprement dites, nous connaissons le contexte budgétaire mais il n’est pas raisonnable d’attendre le moment favorable pour examiner la question des évolutions salariales pour l’ensemble des filières, et en particulier des trajectoires de rémunération pour les métiers de l’enseignement. C’est pourquoi nous demandons au ministère de reprendre le travail sur la revalorisation des rémunérations des enseignants afin d’envisager des évolutions pluriannuelles. Nous continuons à demander que l’évolution de la part indemnitaire socle se poursuive ; pour rappel, les enseignants ont toujours une part de primes deux fois inférieure (17,2 %) à celle des autres fonctionnaires de catégorie A (32,9 %). Des mesures salariales générales sur l’indemnitaire sont donc indispensables.
Ainsi, nous revendiquons toujours le triplement de l’ISOE, de l’ISAE et des indemnités correspondantes des CPE et PsyEN pour atteindre 3600 € par an. Cela n’exclut pas les demandes d’amélioration des grilles indiciaires, et de revalorisation du point d’indice du côté du ministère de la Fonction publique, portées par la CFDT fonction publique.
Sur la question des déroulés de carrière et de la trajectoire des rémunérations, nous demandons le remplacement de la classe exceptionnelle qui n’a plus de raison d’être puisqu’elle ne reconnaît plus de fonctions ou missions spécifiques par l’intégration de ses échelons dans le grade de la hors classe afin que chaque collègue puisse bénéficier d’une rémunération qui progresse jusqu’à son départ en retraite. De nombreux collègues en milieu de carrière, c’est-à-dire ayant entre 20 ans et 25 ans de carrière, n’ont pas bénéficié d’un certain nombre de mesures parce que trop avancés dans leur carrière ou parce que des règles changeaient (par exemple l’accès à la classe exceptionnelle). Il est donc urgent de reprendre le chantier de la revalorisation des carrières, pour les agentes et agents qui ne déméritent pas au regard de leurs conditions de travail de plus en plus difficiles. La revalorisation est un levier indispensable pour restaurer l’attractivité des métiers.