La section Sgen-CFDT Universcience, le syndicat académique de Paris et la fédération CFDT Éducation Formation Recherche Publiques se mobilisent pour l'avenir d'Universcience.
Les militantes et militants de la section analysent la situation et présentent leurs revendications pour maintenir vivante une véritable culture scientifique.
Quand la diffusion de la culture scientifique publique vacille…
La Cité des sciences, le Palais de la découverte : derrière ces noms familiers, ce sont deux institutions emblématiques de la culture scientifique française qui résistent à une crise majeure. À elles deux, elles représentent l’un des rares dispositifs publics, ouverts à toutes et à tous, destinés à rendre la science accessible au plus grand nombre, un mix de l’éducation populaire, de la culture et de la recherche.
Aujourd’hui cependant, ces deux piliers d’Universcience sont confrontés à un avenir qui s’assombrit, la cité des sciences ne peut que constater que son bâtiment est laissé en déshérence, qu’il y a une absence de stratégie, une gouvernance verticale, et un dialogue social au point mort. Cette situation, chaque jour qui passe, est de plus en plus intenable, et met en péril non seulement des emplois et des compétences, mais aussi un modèle public de transmission des savoirs scientifiques dont la France pouvait s’enorgueillir il y a encore quelques mois.
La CFDT tire la sonnette d’alarme
C’est dans ce contexte que la section Sgen-CFDT Universcience s’est pleinement mobilisée. Depuis plusieurs mois, elle interpelle la direction et les tutelles, alerte l’opinion publique, et soutient les personnels. Les tracts et les communiqués de presse continuent d’être envoyés au jour le jour. Car il ne s’agit pas d’une simple crise conjoncturelle, mais bien d’un dérèglement profond et durable, dans un contexte national et mondial où la culture scientifique devrait être une priorité pour notre pays.
Universcience, une institution qui chancelle…
La Cité des sciences, inaugurée il y a près de 40 ans, n’est plus à la hauteur de ses ambitions fondatrices. Fuites récurrentes, dégradations visibles, équipements vétustes, pannes d’ascenseurs, zones condamnées, expositions fermées… : les personnels doivent faire face à un environnement de travail qui s’effondre à vue d’œil, au sens propre !
Des travaux lourds sont nécessaires, c’est désormais un fait. Mais au lieu d’un projet clair et discuté, les rumeurs de fermeture partielle ou totale s’accumulent, sans calendrier ni garanties de la part des tutelles. Et les personnels apprennent ces décisions… par la presse, comme récemment dans Le Monde, Libération, ou Reporterre etc, …. Informations, rumeurs, bruits de couloirs, difficile aujourd’hui de faire la part des choses.
Le Palais de la découverte n’est pas mieux loti. Depuis la fermeture du Grand Palais pour rénovation en 2020, les équipes ont pu continuer une partie de leurs activités de médiation scientifique aux « Étincelles », une structure provisoire dans le 15e arrondissement de Paris. Le retour dans les murs historiques reste hypothétique malgré les promesses de ces dernières années.
Pire encore, le projet de rénovation du Grand Palais, piloté par Didier Fusillier, fait craindre une dilution de la mission scientifique du Palais dans un espace pluridisciplinaire, plus artistique et financier que scientifique, sans aucune garantie quant à l’indépendance, les moyens et la visibilité accordés à la science.
Le dialogue social : une arlésienne…
La dégradation structurelle et bâtimentaire est l’avant-poste de dégâts plus vastes. Ils s’étendent à l’institution elle-même. Le dialogue social à Universcience est en sommeil depuis des années. La direction a beau cultiver une communication purement descendante et marketing, il est évident qu’elle n’ouvre aucun espace de débat avec les représentants du personnel.
Les personnels sont régulièrement et soigneusement tenus à l’écart des décisions. La récente éviction du président d’Universcience par le gouvernement, en juin 2025, n’a donné lieu à aucune concertation, aucun éclaircissement, sinon les habituelles belles paroles sur « continuons à œuvrer pour la science ». Les personnels découvrent les grandes orientations qui les concernent… dans les colonnes de la presse nationale, un jeu de ping-pong médiatique, à coups de punch-lines des uns et des autres.
Les demandes répétées de la section CFDT pour engager des États généraux de l’établissement – afin de construire collectivement et dans la transparence une vision à long terme – sont restées lettre morte. La direction, engoncée dans sa gestion managériale rigide et verticale, refuse catégoriquement toute coconstruction avec celles et ceux qui font vivre les établissements depuis des décennies. Aujourd’hui cette même direction, appelle à resserrer les rangs, et tente de jouer sur un « patriotisme d’entreprise », après avoir passé des années à briser toute transversalité.
Une situation institutionnelle qui se perd dans ses déclarations
La CFDT dénonce un paradoxe insupportable : alors que les ministères de tutelle multiplient les discours sur la nécessité de renforcer la place de la science dans la société, aucune décision concrète ne vient soutenir ces affirmations. On ne peut pas continuer à tenir des discours lénifiants sur « l’importance de la culture scientifique », tout en laissant ces deux établissements publics qui ont pour mission de diffuser la culture scientifique s’enfoncer dans le doute et la précarité.
Aujourd’hui, plusieurs audits et missions d’inspection sont en cours, commandés par la Cour des comptes, le ministère de l’Éducation nationale et celui de la Culture. Mais la question reste entière : les conclusions de ces rapports seront-elles rendues publiques ? Ou bien seront-elles une fois de plus utilisées en catimini, pour justifier des choix faits sans concertation, sans transparence, sans vision stratégique ?
Un moral en berne
Sur le terrain, les conséquences humaines de cette crise sont déjà visibles. La CFDT recueille chaque semaine des témoignages de personnels épuisé·es, inquiet·es, découragé·es. Suppressions de postes, absence de perspectives, injonctions contradictoires, perte de sens… Le malaise est profond et touche toutes les strates de l’établissement. Le turn-over dans certains services bat des records, notamment à la DRH. La direction des expositions a vu en 5 mois trois directeurs se succéder.
De nombreux salarié·es et agent·es expriment le sentiment d’être méprisé·es, voire sacrifié·es sur l’autel de l’indécision des tutelles. Le lien de confiance avec la direction est rompu. La vocation des personnels, si souvent citée en exemple dans les rapports d’activité, est aujourd’hui mise à mal. Et ce sont les missions de service public qui en pâtissent, cette belle mission de l’accès à la culture scientifique pour toutes et pour tous !
Une société en manque de science… ?
Le paradoxe est glaçant, en effet notre époque n’a jamais autant eu besoin de science, et pourtant, ses lieux de transmission du savoir scientifique sont fragilisés. Crise climatique, montée des fake news, méfiance envers la recherche, montée des obscurantismes… Le rôle d’institutions comme Universcience est crucial. Des conférences, des expositions, des médiations sont proposées aux publics pour informer, pour créer des vocations scientifiques.
Ainsi, à l’heure où la diffusion de la culture scientifique devrait être un pilier de toute politique publique moderne, Universcience tangue sans gouvernail. Pas de cap. Pas de stratégie. Pas de pilote. Et pendant ce temps, la culture scientifique devient la grande oubliée de la culture tout court.
Car oui, la culture, ce n’est pas que l’art. C’est aussi la science. Une science qui éclaire, qui doute, qui vulgarise, qui éveille la curiosité, qui permet de comprendre le monde.
C’est aussi un enjeu crucial de démocratie : sans science partagée et accessible à tous, pas de débat éclairé, pas de citoyenneté active.
La CFDT propose, défend et résiste
Dans ce contexte troublé, la section Sgen-CFDT Universcience reste pleinement mobilisée. Avec l’appui de sa fédération et de la confédération, elle multiplie les démarches auprès des ministères, des médias et des institutions. Elle défend les personnels, exige de la transparence, et appelle à une gouvernance renouvelée dans ses processus et dans son approche du dialogue.
Elle demande :
- la publication complète des rapports d’audit en cours dès qu’ils seront validés par les ministères ;
- l’ouverture d’États généraux de la culture scientifique, pour refonder le projet Universcience avec celles et ceux qui le portent depuis toujours ;
- une stratégie nationale ambitieuse, qui ne relègue plus la culture scientifique au second plan, et que l’on ne traite plus la science avec mépris ;
- une reconnaissance concrète du rôle irremplaçable des personnels qui la font vivre au quotidien, en les écoutant, en dialoguant.
Quelle mobilisation pour l’avenir de la diffusion scientifique ?
La crise actuelle d’Universcience dépasse bien entendu largement le sort de cet établissement public. Les personnels et leur avenir sont en jeu, et la science est oubliée. Cette crise nous renvoie toutes et tous à une question de fond, une urgence démocratique : voulons-nous encore d’une culture scientifique forte, publique, accessible, vivante ?
La CFDT, elle, répond sans hésiter : oui. Et elle continuera à se battre, aux côtés des personnels, pour faire entendre cette voix.