Interview de Jean-Claude Barboul, secrétaire général de la CFDT Cadres.
Le terme « cadre » recouvre une grande variété de réalités professionnelles. Comment la CFDT Cadres reconnait-elle cette diversité ?
Sans nier les identités professionnelles, il ne faut pas regarder ce qu’ils sont, mais ce qu’ils font. On distingue alors les manageurs et les experts. Les enseignants pourraient entrer dans cette dernière catégorie, mais la CFDT Cadres ne les comptabilise pas dans ses effectifs. Dans la fonction publique, c’est le classement du corps dans la catégorie A qui fait le « cadre », ce qui nie la diversité des métiers d’encadrement.
Dans le privé, pour accéder à la fonction cadre, on va repérer des compétences et les évaluer. Dans la fonction publique, le concours joue ce rôle, ce qui permet une forme de mobilité professionnelle individuelle. Mais nos revendications, telles qu’elles apparaissent dans notre manifeste « Cadres » s’adressent aussi bien au privé qu’au public.
Peux-tu nous parler de ce manifeste ?
À la CFDT, deux types de droits font l’objet de revendications : les droits fondamentaux et les droits dérivés. Ils s’appliquent aussi bien dans le privé que dans le public, à la différence près que le devoir de loyauté n’est pas de même nature dans le privé et dans le public.
Parmi les droits fondamentaux, notons d’abord le droit d’alerte
Parmi les droits fondamentaux, notons d’abord le droit d’alerte. Les cadres, grâce à leur vision globale de l’organisation, doivent pouvoir être des lanceurs d’alerte. Le droit d’expression critique doit également leur permettre d’évoquer librement des pistes d’amélioration du travail pour eux-mêmes et leurs collaborateurs. Quant aux droits dérivés, rappelons que le premier concerne l’entrée dans la fonction. Dans la fonction publique, le stage permet de vérifier que l’agent « fait l’affaire », mais également à celui-ci de s’assurer que ses missions lui plaisent ! On oublie trop souvent que l’on doit aussi pouvoir « essayer » son poste… À la CFDT, on revendique donc le droit à l’erreur et celui d’expérimenter avant de s’engager. Un enseignant qui souhaite devenir chef d’établissement devrait pouvoir essayer son poste.
Les moyens d’arriver à un résultat sont collectifs
Autre ambition de ce manifeste : revendiquer pour le privé un salaire supérieur au plafond de la sécurité sociale (actuellement 3 269 € brut). Mais la fonction publique ne doit pas être en reste : un montant acceptable doit être trouvé… Qu’est-ce qui fait un revenu ? Tout d’abord le salaire de base, qui tient compte des compétences acquises ; ensuite, les primes – collectives ou individuelles (alors accordées après évaluation). Or, on a aujourd’hui des indicateurs de résultats, mais pas d’indicateurs sur la qualité pour arriver aux résultats. Si on prend l’évaluation des résultats d’un lycée, l’ambiance en son sein peut être exécrable, mais ce qui va compter, c’est le taux de réussite au bac ! On ne sait pas évaluer la capacité du personnel de direction à favoriser le travail collaboratif de l’équipe pédagogique…
Les moyens d’arriver à un résultat sont collectifs. Aujourd’hui, dans le privé, on peine à trouver les moyens d’évaluer les résultats qui ne semblent intéresser que dans leur dimension individuelle. On fait comme si la somme des résultats individuels faisait le résultat collectif, or ce n’est pas tout à fait ça.