Le Comité technique de l’enseignement agricole (CTEA) s’est réuni le 15 novembre 2022 sous la présidence du DGER-adjoint, Luc MAURER. L’ordre du jour portait notamment sur l’évolution des effectifs élèves à la rentrée 2022. Le Sgen-CFDT était représenté par B. LAUGRAUD et JF LE CLANCHE.
Moins d’élèves dans le public et le privé
Les effectifs « élèves » dans l’enseignement agricole technique public et privés sont en baisse de 1,1 points par rapport à la rentrée 2021. Pour l’enseignement agricole privé à rythme approprié la baisse est de 2,1 points.
Les chiffres annoncés ne tiennent pas compte des effectifs apprentis dont la photo sera connue au 31 Décembre 2022. Un Conseil social d’administration de l’enseignement agricole (CSA EA) se tiendra en Janvier 2023. Il permettra d’affiner vraiment ces projections.
Le nombre total d’apprenants s’établit à 153 877 en 2022 contre 155.620 en 2021. Soient 1 743 apprenants de moins dont 671 élèves pour l’enseignement agricole technique public.
Le Sgen-CFDT reste sur la réserve quant à ces chiffres qui ne seront consolidés qu’à l’issue de l’intégration des effectifs apprentis. Ce qui est certain, c’est qu’il faut développer les atouts intrinsèques de l’enseignement agricole. Il convient de les valoriser par une communication adaptée auprès des collèges, des CIO, des lycées, des familles, des partenaires dont l’ONISEP… La campagne nationale de communication actuelle doit accompagner cette dynamique et être encore plus ambitieuse. En investissant les réseaux sociaux du type Tik-Tok, très courus par les jeunes, elle marquera des points.
Recrutement en hausse en 4ème, 3ème, CAPa
On constate une augmentation depuis deux ans des effectifs dans les niveaux correspondants aux « classes d’entrée » dans l’enseignement agricole (privé et public) :
- 4èmes (+ 343/ +3,3%, en tout 10 720 élèves), 3èmes (+1510/ +8%, en tout 20 484 élèves),
Pour le Sgen-CFDT, cette tendance à la hausse des effectifs des classes entrantes doit déclencher une réflexion rapide des moyens octroyés à l’égard de ces classes. En effet, le nombre d’élèves à besoins particuliers dans ces filières, dépasse de loin ce que les équipes sont en capacité d’assumer.
Il faut plus de moyens pour les enseignants intervenant dans ces classes
L’ouverture des classes de 4eme, 3eme et CAPa doit s’accompagner des moyens idoines d’inclusion des ces élèves. Les enseignant.es savent encadrer ces jeunes et les conduire vers la réussite. Ils et elles doivent être reconnus pour cette compétence. Ils ont besoin d’ heures d’encadrement supplémentaires et pouvoir valoriser cet engagement dans leur déroulement de carrière. Nous n’avons pas de classement en REP et REP+ à l’agriculture. Les enseignant.es ne bénéficient d’aucune bonification liée à leur travail. Dans les REP+, le temps enseignant est organisé différemment grâce à une pondération de 1.1 des heures d’enseignement dans les collèges. En dehors des heures strictes d’enseignement, les personnels peuvent mieux se consacrer aux autres dimensions essentielles de leur métier :
- travailler collectivement et se former ensemble,
- concevoir et organiser le suivi des élèves, coopérer davantage avec les parents d’élèves.
La revalorisation de la rémunération indemnitaire des personnels de l’éducation prioritaire renforcée permet également de reconnaître leur engagement spécifique dans les réseaux tout en accompagnant la stabilisation et la formation des équipes en place. Le montant de l’indemnité REP+ a successivement connu une première revalorisation de 1 000 € net en 2018. Puis une seconde de 1 000 € net en 2019. Et enfin une troisième d’une part fixe de 400 € net et d’une part modulable, à la rentrée 2021 (décret 2015-1087 du 28 août 2015, modifié par le décret 2021-825 du 28 juin 2021).
Par application du principe de parité entre les personnels relevant du MEN et du MAA fixé par l’article L.811-4 du code rural et de la pêche maritime, le Sgen-CFDT, demande que les enseignants des filières « collèges » au ministère de l’Agriculture, bénéficient des mêmes avantages que leurs collègues de l’Education nationale.
Forte chute en BTSA voie scolaire
Les effectifs de BTSA de la voie scolaire baissent fortement (-2 384/ -12,8 % ; soit 16 219 étudiant.es scolarisé.es en 2022). Les filières GEMEAU, DATR souffrent particulièrement. Les BTS de l’EN suivent aussi cette tendance. Le Sgen-CFDT demande à nouveau qu’une expertise soit rapidement diligentée pour identifier les causes de perte d’attractivité des BTSA/ BTS en formation scolaire.
Des hypothèses à objectiver pour comprendre ces évolutions:
- Le DUT (2 ans) est passé en BUT en 3 ans, cette nouvelle offre de formation est-elle à l’origine de cette baisse ? Est-ce un modèle à suivre ? Le bac +2 n’attire-t-il plus ? Rien n’est certain car en 2021, les chiffres de l’apprentissage eux avaient « explosé ».
- Il y a t-il un problème d’identification et de lisibilité de nos formations? C’est probable…
- Il y a t-il un problème d’orientation des collégiens et lycéens issus de l’EN? Ceci parait évident…
- On note un nombre anormalement élevé de perte d’élèves en fin de première en bac pro (- 1084/ -5,2%) et en fin de 1ère année de BTSA (- 1296/ – 14,4%). A t-on à faire à des décrocheurs? Sont-ils « happés » par le marché de l’emploi qui est sous tension actuellement? Il y a t-il une bascule en fin de 1ere année pour aller de la voie scolaire vers l’apprentissage? Il y a t-il un phénomène de décrochage lié à la Covid? Aucune piste n’est à exclure.
Le Sgen-CFDT demande:
- que le suivi de cohortes effectué dans tous les EPL servent de base à l’analyse des chiffres donnés par la DGER.
- également réactiver et diffuser les outils issus de la recherche action « ancrochage« , voire relancer une opération de ce type avec les EPLEFPA volontaires. Il faut lutter contre le décrochage scolaire.
- Et…tout faire pour garder nos élèves en cours de formation!!!
Nombre d’élèves pour l’enseignement agricole public
| 2021 | 2022 | ||||
| 1er cycle | Cycle orientation collège | 4ème | + 3,8% | 740 | 768 |
| 3ème | + 9,3% | 2 056 | 2 247 | ||
| Total 1er cycle | + 7,8% | 2 796 | 3 015 | ||
| 2ème cycle général et tec | Cycle détermination lycée | – 3,1% | 6 202 | 6 007 | |
| Bac Techno | 1 année
2 année |
+ 4,4%
+ 1,5% |
4 015
3 715 |
4 193
3 771 |
|
| Total Bac Techno | + 3% | 7 730 | 7 964 | ||
| Bac général | 1ere
terminale |
– 2,3 %
+ 1,3% |
1 732
1 520 |
1 692
1 539 |
|
| Total Bac général | – 0,6% | 3 252 | 3 231 | ||
| Total 2ème cycle général et techno | +0,1% | 17 184 | 17 202 | ||
| 2ème cycle professionnel | Seconde Pro | + 3,5% | 9 652 | 9 990 | |
| Total Seconde Pro | + 3,5% | 9 652 | 9 990 | ||
| CAPA-CAP | 1 année
2 année |
+ 7,5%
– 1,2% |
1 434
1 082 |
1 541
1 069 |
|
| Total CAPA-CAP | + 3,7% | 2 516 | 2 610 | ||
| Bac Pro | 1 année
2 année |
– 0,3%
– 0,5% |
8 606
7 875 |
8 580
7 839 |
|
| Total Bac Pro | – 0,4% | 16 481 | 16 419 | ||
| Total 2ème cycle professionnel | + 1,3% | 28 649 | 29 019 | ||
| 2021 | 2022 | |||||
|
|
BTSA-BTS |
1 année
2 année |
– 8,7%
– 12,8% |
6 070
5 672 |
5 541
4 947 |
|
| Total BTSA-BTS | – 1255 | – 10,7% | 11 754 | 10 499 | ||
| CPGE | 1 année
2 année |
0%
0% |
185
159 |
185
159 |
||
| total CGPE | 0% | 324 | 324 | |||
| Total 1er cycle supérieur | -10,3% | 12 422 | 11 144 | |||
| Total général | – 671 | – 1,1% | 61 051 | 60 380 | ||
Pour l’enseignement agricole public, c’est le cycle BTSA qui marque le plus le pas (données DGER- MASA).
Ce que veut le Sgen-CFDT
Depuis plusieurs années, l’enseignement agricole fait l’objet d’une forte reconnaissance pour sa qualité et sa pertinence. Il possède de sérieux atouts. La volonté d’accueillir de plus en plus d’élèves et d’étudiant.es est régulièrement mise en avant par les ministres de l’Agriculture qui se sont succédés.
Si les « déclarations d’amour » sont fortes, les « preuves d’amour » sont maigres.
Le Projet de loi de finance 2023 prévoit un nombre très modeste de création de postes (15). C’est trop peu au regard des pertes passées subies. Il faut donner à l’enseignement agricole le second souffle qu’il mérite car le taux d’INSERTION de nos diplômés est particulièrement BON. Notre système de formation est reconnu. Il doit être soutenu.
Car on ne peut pas faire plus et mieux avec moins…
