Le Conseil supérieur de l’Éducation s’est réuni pendant deux jours les 18 et 19 décembre pour examiner les projets de programmes du nouveau lycée qui se mettra en place à la rentrée 2019. La majorité d'entre eux ont été rejetés massivement. Décryptage.
La majorité des textes a été rejeté par le CSE pour 2 raisons principales :
Un déni de dialogue social
Ce déni s’est traduit par une absence quasiment totale de prise en compte des nombreuses demandes de modifications portées par les organisations syndicales dans les différentes réunions (groupes de travail, commission spécialisée et CSE). Les associations disciplinaires ne semblent pas avoir été beaucoup plus entendues, et seule la consultation en ligne des « vrais » enseignants semble avoir été la base de quelques changements. Le bilan de cette consultation ne nous a pas été communiqué, et cela constitue un prétexte assez pratique pour ne pas tenir compte des amendements des organisations syndicales, y compris de ceux votés massivement par le CSE. Le ministère s’obstine dans sa volonté de contourner les corps intermédiaires et les syndicats, ce qui s’est avéré pourtant particulièrement délétère dans la période.
Des programmes très ambitieux mais avec une rédaction bâclée
La volonté, assumée avec l’aide de certains syndicats, d’ « élever le niveau » d’exigence de tous les programmes de chacune des disciplines aboutit à des programmes lourds, pointus, qui occasionnent des débats d’amendements ridiculement pointilleux. C’est le cas, par exemple, de la bibliographie de la spécialité « Humanités, Littérature et Philosophie » ou du programme d’histoire géographie de 2nde. Avec l’idée absurde que mettre plus de choses à acquérir dans le même temps imparti allait mécaniquement élever le niveau des élèves. Les temps d’apprentissages ne sont pourtant pas compressibles ! Par ailleurs, la qualité rédactionnelle des programmes est très inégale.
Encore une occasion manquée
Pour le Sgen-CFDT, le plus dommageable est le manque de soin porté à la rédaction des programmes des « nouveaux enseignements ». Pas plus que les autres ils n’échappent aux imperfections, et cela gâche la possibilité d’atteindre de nouveaux objectifs : croiser des disciplines par exemple. Le programme d’enseignement scientifique est particulièrement raté, au regard des enjeux de « réconciliation » des citoyens et de la Science : à la déconstruction des fausses idées, la compréhension de la complexité de certains sujets (climat, perturbateurs endocriniens…), a été préféré un « grand récit » qui se veut explicatif et démonstratif, mais qui sera ardu et sans doute peu prisé des élèves et des enseignant·es. À noter que le sujet du réchauffement climatique est traité par les programmes de géographie et de SES en 2nde et en 1ère, mais pas du tout par les programmes scientifiques ni de SVT ni d’enseignement scientifique. Pourtant les éléments scientifiques sur ces sujets peuvent être abordés simplement, et la mise en lumière de la complexité des décisions qui en découlent au regard des facteurs nombreux à prendre en compte aurait été une formidable occasion de déconstruire les « y a qu’à » « faut qu’on ». Quel oubli pour la formation des futurs citoyens qui devront faire face aux conséquences de ce réchauffement climatique !
Mais le CSE a aussi validé certains programmes : tous les programmes de la voie technologique ont été votés, de même que les programmes de SI et de SPC par exemple. Les organisations syndicales savent aussi faire preuve de discernement…