L'égalité professionnelle entre femmes et hommes dans les corps administratifs et les personnels de santé du ministère de l'Éducation nationale : c'est l'ordre du jour du groupe de travail réuni le jeudi 24 mai 2018 à la direction générale des ressources humaines.
Le Sgen-CFDT y a participé. Nous vous en proposons un compte-rendu.
La DGRH a d'emblée affirmé sa ligne de conduite : garder toujours en tête l'égalité Femmes/Hommes. Son objectif est de rédiger un plan d’actions contre les discriminations. De manière globale, ressort la nécessité de faire progresser la culture commune sur l’égalité professionnelle et les discriminations. Le regard de toutes et tous doit changer, il ne faut plus repérer la tête qui dépasse mais l'agent compétent•e.
Personnels Administratifs
Sans surprise nous constatons une forte féminisation des effectifs dans l'administration avec 53 500 femmes soit 80% des agents. Cependant, il existe des différences importantes selon les catégories de personnels : en catégorie A les femmes représentent 64% des effectifs, en catégorie B 84% et en catégorie C 91%...les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Ce que le Sgen-CFDT souligne et revendique:
Concernant les postes: certains personnels féminins de catégorie C sont surqualifiées, comment leur attribuer un poste plus en adéquation avec leurs qualifications ?
Le Sgen-CFDT revendique un accompagnement vers les concours internes.
Il existe également des situations où un agent de catégorie C doit assumer les responsabilités d'un collègue de catégorie B ou un agent de catégorie B travaille sur un poste relevant de la catégorie A, tout ceci sans ajustement du salaire bien entendu.
Par conséquent le Sgen-CFDT demande à ce que la dynamique de requalification des postes s'accélère.
Concernant les promotions, là aussi, l'égalité professionnelle Femmes / Hommes reste encore à atteindre.
Prenons l'exemple des attachés principaux et attachées principales : les femmes représentent 67% des promouvables mais seulement 63% des promu•e•s.....pourquoi?
Le Sgen-CFDT remarque que ce décalage est une constante dans l'Education Nationale, quel que soit le corps ou la catégorie et, pour pallier cette inégalité, revendique une véritable formation des jurys de concours; il demande également à ce que soient systématiquement analysés les résultats aux concours et ce sur plusieurs années afin de trouver une explication et une rémédiation à cet écart.
D'ores et déjà des pistes apparaissent : les personnels féminins doivent souvent arbitrer entre vie professionnelle et vie familiale lorsque l'âge des candidates correspond à un moment familial critique.
Enfin le Sgen-CFDT revendique la mise en place d'une véritable politique des quotas par corps et par grade.
Réponse de la DGRH
Des études statistiques par corps et par grade seront effectivement lancées par la DEPP pour trouver une explication à ce phénomène.
Le plan d'actions a déjà commencé envers les président•e•s de jurys, les recteurs et rectrices et les secrétaires générales et généraux qui ont reçu des formations adéquates, l'idée est de mettre en place un module spécifique pour donner des éléments de sensibilisation aux président•e•s de jurys, à charge pour elles et eux de répercuter sur les membres des jurys.
Sans oublier qu'au 3° trimestre doit débuter le même type de formation en direction des formateur•trice•s académiques.
Au sujet des emplois fonctionnels le ministère met en place pour tout emploi (fonctionnel) une "short list" de 3 candidats dont au moins une candidate.
L'accent est mis également sur la constitution des viviers qui devraient se faire au niveau local via une politique de ressources humaines de proximité...
Intervention du Sgen-CFDT:
A ce propos pourquoi ne pas mettre en place une charte du temps portant sur la durée et l'horaire des réunions de travail? Cela profiterait à tous les personnels , particulièrement aux personnels féminins.
De même le TAD (travail à distance) permettrait de travailler dans de meilleures conditions et aiderait à combattre les clichés sur le manque de "mobilité " des femmes.
Les personnels de Santé
La DGRH reconnait que la problématique de l'attractivité de ces métiers de "soins", attractivité en termes de rémunération et d'image, est omniprésente.
Comment attirer les personnels vers ces professions? Il y a un véritable décrochage culturel; des efforts sont faits pour les revaloriser, mais beaucoup reste à faire.
La filière "médecins scolaires" est peu ou pas présentée aux étudiant•e•s en médecine, par conséquent peu d'entre elles et eux choisissent ce parcours.
Pour pallier ce manque, le ministère va présenter la profession de médecin scolaire aux étudiant.e.s tout en proposant aux médecins scolaires titulaires d'accueillir en tutorat des internes et donc d'agir au moment de la formation des jeunes médecins.
En parallèle il est à noter que la rémunération des médecins scolaires grâce à la création d’un 3e grade de hors classe, va les mettre au même niveau que leurs collègues de la fonction publique territoriale .
Intervention du Sgen-CFDT:
Pourquoi ne pas comparer la rémunération des médecins scolaires avec celle des autres médecins salariés (du privé comme du public)?
Le Sgen-CFDT affirme que même si ce genre d'étude s'avère difficile à mettre en place, les instances ne pourront en faire l'économie.
Il demande également à ce qu'il y ait un suivi à ces groupes de travail et ce avant le rendez-vous-bilan de novembre proposé par la DGRH. La réflexion doit mener notamment sur la faible rémunération des infirmières, personnels de catégorie A, moins bien payées que d'autres catégories A de l'Education Nationale.
Pourquoi? Est-ce dû au cliché accompagnant ce corps depuis sa création c'est-à-dire sur leur dévouement qui n'a pas de prix? Il serait temps que cette notion subjective fasse place à une reconnaissance concrète justement rémunérée.
Même problème de salaire chez les assistants sociaux/assistantes sociales. L’étude des salaires de cette filière montre, malgré un manque de détails permettant l’exploitation des chiffres, qu'il existe une forte différence de salaire pour la catégorie A entre homme/femme au profit des hommes (400 euros de delta sur le brut et les primes) et près de 1000 euros sur le net, traduisant vraisemblablement le fait que les postes à fortes responsabilités sont occupés majoritairement par des hommes. On n’observe pas cette différence pour les catégories B et C de cette même filière.
Sous le prétexte qu’il s’agit de professions altruistes (cf origine de la profession d’infirmières - religieuses) les revendications n’aboutissent pas ou peu; le Sgen-CFDT ne se satisfait pas de ce constat et revendique une réelle prise en considération de ces personnels.
Le 16 mai 2018, lors du comité technique ministériel, le Sgen-CFDT avait demandé la tenue d'une réunion permettant de faire un point d'étape sur les différentes réunions relatives à l'égalité professionnelle qui ont eu lieu afin d'en faire un relevé de conclusion et d'élaborer la feuille de route de l'égalité femmes-hommes.
A l'occasion de la réunion du 24 mai 2018 la DGRH en a accepté le principe et ajoute qu'elle est à l'écoute des demandes de rencontres formulées par les syndicats.
Rendez-vous est donc pris pour la rentrée de septembre notamment pour la présentation d'un tableau des actions en cours et un travail en amont des circulaires de gestion qui sont publiées début octobre.