Lors du comité technique ministériel de l'Education nationale du 9 novembre 2021, le Sgen-CFDT et l'ensemble des organisations syndicales représentatives ont émis un vote défavorable sur un projet de décret instituant des heures supplémentaires pour les assistantes et assistants d'éducation.
Quel est le projet du ministère ?
Le ministère de l'Education nationale projette de permettre aux établissements scolaires de proposer des heures supplémentaires aux assistantes et assistants d'éducation (AED) quelle que soit la quotité de travail de leur contrat. Même à temps incomplet, les AED pourraient réaliser des heures supplémentaires. L'administration a amendé son propre projet en ajoutant que ces heures supplémentaires ne peuvent être effectuées qu'avec l'accord des AED.
La rémunération est prévue au taux horaire de 13,11 €.
Pour le ministère, il s'agit de donner la possibilité aux collèges et aux lycées de faire faire des heures supplémentaires aux AED pour encadrer des élèves dont l'enseignant ou l'enseignante est absent afin de pallier l'absence en regardant une vidéo du CNED. C'est en tout cas ce que la DGRH a présenté tant lors de la réunion de concertation préalable que pendant le comité technique ministériel.
Pourquoi le Sgen-CFDT a voté contre ?
Le texte ne prévoit aucune limite en terme de nombre d'heures supplémentaires sur une journée ou une semaine. Comment de toutes façons imaginer ajouter du temps de travail aux AED à temps plein qui exercent d'ores et déjà 41 heures par semaine ?
Une partie des AED sont étudiantes et étudiants. Leur travail en tant qu'AED ne doit pas nuire à leur réussite universitaire. Vouloir leur proposer des heures supplémentaires, sans doute pour faire face à des absences de courtes durées et non prévues c'est à coup sûr mettre en concurrence leur contrat d'AED et leurs études. C'est contreproductif pour tout le monde.
Des AED encadrant des groupes d'élèves, cela suppose de revoir l'organisation du service de la vie scolaire. Le faire via des heures supplémentaires, c'est bien compter faire plus sans avoir plus de personnels et donc les autres missions risquent d'être plus difficile à organiser. Le Sgen-CFDT a rappelé que si le nombre d'AED a augmenté au cours des dernières années, ce n'est toutefois pas en proportion du nombre d'élèves accueillis.
Par ailleurs, s’imaginer que c’est ainsi que l’on pourrait améliorer la continuité pédagogique c’est aussi ignorer qu’un tel montage suppose que les enseignantes et enseignants aient du temps à consacrer à la préparation… donc pas à la dernière minute, pas dans les termes qui nous ont été présentés lors de la réunion préalable au CTMEN. La prise en charge pédagogique des élèves ne s’improvise pas, elle se construit.
Nous avons saisi l'occasion de la présentation de ce texte pour rappeler nos revendications dans l'intérêt des assistantes et assistants d'éducation, et en particulier :
- amélioration de la rémunération
- accès possible au contrat à durée indéterminée,
- amélioration des conditions de travail.
Pour le Sgen-CFDT, ces questions doivent faire l'objet d'un dialogue social permettant de tenir compte de la réalité des différents profils d'AED : jeunes et étudiant.e.s, mais aussi professionnel.le.s plus avancé.e.s dans leur vie professionnelle et qui aspirent légitimement à d'autres conditions d'emploi.
Et maintenant ?
Comme après tout vote défavorable unanime, le comité technique sera convoqué de nouveau sur le sujet... le risque étant que le ministère une fois de plus ne revoit pas sa copie. Une fois de plus car lors du vote défavorable unanime sur la possibilité d'heures supplémentaires pour les enseignantes et enseignants exerçant à temps partiel, le ministère a présenté un texte identique lors du CTMEN reconvoqué. Intensifier le travail de celles et ceux qui sont en poste pour pallier la pénurie organisée de personnels, ça ne marche pas.