La distinction entre les deux types d'évaluation est essentielle : évaluation de la pratique professionnelle et évaluation de la valeur professionnelle d'autre part.
QUEL EST L’AVIS DU SGEN-CFDT À CE SUJET ?
Pour le Sgen-CFDT, l’évaluation de la pratique professionnelle, devant la classe mais aussi en équipe pédagogique, ne doit plus être polluée par des considérations liées à la carrière. La difficulté éprouvée par un enseignant ou une enseignante dans l’exercice de son métier n’est pas a priori l’indice d’une carence professionnelle ou d’un défaut d’engagement personnel, cela signifie d’abord un besoin d’appui, de soutien de la part de l’institution. Si l’on veut que les enseignantes et les enseignants analysent lucidement et sereinement leur pratique professionnelle afin de l’améliorer, il faut leur permettre de le faire en dehors de tout enjeu de carrière ou de reconnaissance.
Mais pour que la distinction entre ces deux types d’évaluation soit opérationnelle, il faut que ceux qui évaluent la pratique professionnelle ne soient pas aussi ceux qui évaluent la valeur professionnelle – que ceux qui fournissent aide et formation ne soient pas aussi ceux qui décident des promotions. Les corps d’encadrement (IEN, IPR, personnels de direction) peuvent bien évidemment participer aux deux types d’évaluation, mais les mêmes personnes ne doivent pas remplir les deux fonctions.
Alors que les enseignants sont de plus en plus appelés à travailler en équipes, il nous semble logique que l’évaluation porte sur leur travail au sein d’une équipe et non plus sur leur « performance » ponctuelle et solitaire devant élèves dont la mesure est difficilement objectivable.
COMMENT METTRE EN PLACE CETTE NOUVELLE FORMULE D’ÉVALUATION PROFESSIONNELLE ?
Pour le second degré, le Sgen-CFDT a fait en ce sens des propositions sur le rôle des IA-IPR-IEN : il est souhaitable que l’inspecteur/trice ait dans un premier temps, lors d’une première visite, un rôle d’observateur du travail de l’équipe, afin de prendre la mesure du travail collectif fourni. Puis lors d’une deuxième visite, il·elle accomplira sa tâche d’évaluateur/trice et retrouvera tout son rôle de pédagogue envers les membres de l’équipe : évaluation, soutien, proposition de formation, le tout dans une posture bienveillante.
Le Sgen a toujours rappelé la mission de pédagogue des corps d’inspection, dont les rangs gagneraient à être plus étoffés si on veut vraiment que leur missions contribuent à une véritable gestion des ressources humaines.
Mais l’inspecteur/trice ne doit pas être le seul évaluateur, le chef d’établissement a un rôle à jouer en matière d’évaluation, lui qui est tous les jours au contact avec les collègues de son établissement.
Pour le premier degré, le rôle de l’Inspecteur/trice de circonscription est à interroger afin de le centrer sur l’évaluation de la pratique. Il devra évidemment participer à l’évaluation de la valeur professionnelle, mais ce n’est pas à ce niveau hiérarchique que doit se poser l’évaluation.
Par ailleurs, dans cette évaluation professionnelle rénovée, il conviendra de donner une place à l’enseignant lui-même ainsi qu’aux formateurs de la formation continue et des ESPE.
La constitution d’un dossier professionnel partagé entre évalué et évaluateur pourrait être un outil précieux pour cette transformation de l’évaluation.
Pour le Sgen-CFDT, il faut aussi définir des critères nationaux connus de tous et instituer une commission d’appel pour les cas litigieux.