Le 5 octobre est la journée mondiale des enseignants. Elle permet de célébrer la signature de la charte UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de 1966.
A l’occasion de la journée mondiale des enseignants, rencontre avec Mugwena Maluleke
Professeur d’anglais et de mathématique sud-africain, Mugwena Maluleke a été élu en 2024 président de l’Internationale de l’Education, une organisation mondiale qui représente les enseignant·e·s, notamment dans les instances internationales comme l’UNESCO. Au lendemain de la conférence de Santiago du Chili autour des problématiques rencontrées par les enseignants partout dans le monde, et à l’occasion de la journée mondiale des enseignants, il a accepté de répondre aux questions de la CFDT Education Formation recherche Publiques. Les constats sur la profession enseignante sont communs à la majorité des systèmes éducatifs de par le monde.
– À quels problèmes les enseignants du monde entier sont-ils confrontés aujourd’hui ?
Les enseignants du monde entier sont confrontés à de nombreux problèmes critiques qui affectent leur bien-être, leur statut professionnel et la qualité de l’enseignement qu’ils dispensent. L’un des plus importants est la pénurie mondiale d’enseignants, due à des taux de départs élevés et à une baisse du nombre de nouvelles recrues. Cette situation est aggravée par des salaires insuffisants et une progression de carrière limitée.
Parmi les autres défis majeurs, on peut citer :
– Des conditions de travail difficiles et une charge de travail excessive, sources d’épuisement professionnel et de stress.
– Des classes surchargées qui limitent la capacité des enseignants à offrir un accompagnement individualisé.
– Un manque d’autonomie professionnelle et un statut social généralement bas pour la profession.
– Un financement insuffisant des écoles, qui impacte les ressources, le matériel et le personnel de soutien.
– L’augmentation des difficultés socio-émotionnelles et de santé mentale des élèves, pour lesquelles de nombreux enseignants manquent de formation et de ressources.
– La violence et le harcèlement en classe, qui peuvent avoir des conséquences négatives tant sur les élèves que sur les enseignants.
– Un manque de communication efficace entre les enseignants, les élèves et l’administration.
– La privatisation croissante de l’éducation, qui peut détourner les ressources et les enseignants qualifiés des écoles publiques, creusant ainsi les inégalités éducatives.
– Comment l’Internationale de l’Éducation œuvre-t-elle à l’amélioration des conditions de la profession enseignante au sein des organisations internationales ?
L’Internationale de l’Éducation (IE) est une fédération mondiale de syndicats et d’associations d’enseignants qui œuvre à l’amélioration des conditions de la profession enseignante par le dialogue social et la collaboration avec des organisations internationales comme l’UNESCO. L’Internationale de l’Éducation défend la protection et la promotion des droits des enseignants ainsi que la professionnalisation du corps enseignant. Son travail vise souvent à influencer les décisions politiques à l’échelle mondiale afin de garantir que les besoins et la voix des éducateurs soient entendus et pris en compte.
Les efforts de l’IE comprennent :
– Plaider pour de meilleures rémunérations et conditions de travail pour les enseignants à l’échelle mondiale ;
– Faire pression pour un financement accru de l’éducation afin de garantir aux écoles les ressources nécessaires ;
– Mettre en lumière la crise mondiale de la pénurie d’enseignants et proposer des solutions pour le recrutement et la fidélisation ;
– Promouvoir le dialogue social et la participation des enseignants à la prise de décision et à l’élaboration des politiques à tous les niveaux ;
– Appeler à l’autonomisation de la profession en accordant aux enseignants une plus grande autonomie professionnelle et en revalorisant leur statut.
– Quel bilan l’Internationale de l’Éducation dresse-t-elle de la conférence de l’UNESCO à Santiago du Chili ?
L’Internationale de l’Éducation dresse un bilan positif du Sommet mondial des enseignants de l’UNESCO à Santiago du Chili. Ce sommet, qui s’est tenu fin août 2025, visait à remédier à la pénurie mondiale d’enseignants et à plaider en faveur de la valorisation et du soutien durable de la profession enseignante. L’Internationale de l’Education, ainsi que d’autres acteurs clés, a perçu cette conférence comme un moment charnière pour renforcer les engagements internationaux et coordonner l’action mondiale afin de faire face à la crise à laquelle sont confrontés les enseignants.
L’un des principaux résultats de la conférence a été le lancement du Consensus de Santiago. Ce document définit les actions prioritaires pour remédier à la pénurie mondiale d’enseignants et donner plus de pouvoir à la profession. L’Internationale de l’Éducation considère ce consensus comme une étape importante vers la réalisation de ces objectifs, offrant un cadre pour l’harmonisation des politiques et un investissement durable dans les enseignants. L’accent mis par le sommet sur le financement durable, l’avenir de la profession et le dialogue social s’inscrit dans la droite ligne des objectifs fondamentaux de l’Internationale de l’Éducation. La déclaration du Sommet mondial de 2025 est le premier accord international à reconnaître explicitement la relation enseignant-élève comme un droit humain commun et un patrimoine commun de l’humanité.
– Quelles revendications sont formulées pour améliorer l’attractivité de la profession enseignante ?
Pour améliorer l’attractivité de la profession enseignante, les éducateurs, les syndicats et les organismes internationaux formulent un large éventail de revendications. Ces revendications visent à s’attaquer aux causes profondes de la pénurie d’enseignants et du moral en berne, en mettant l’accent sur la rémunération et les conditions de travail.
Les principales revendications sont :
– Salaires et avantages sociaux compétitifs : offrir aux enseignants des salaires décents et compétitifs ainsi qu’un ensemble complet d’avantages sociaux est une revendication fondamentale. Cela inclut de meilleurs régimes de retraite et une meilleure couverture santé.
– Charges de travail et tailles de classe gérables : réduire la charge administrative et diminuer le nombre d’élèves par classe contribuerait à prévenir l’épuisement professionnel et permettrait aux enseignants d’offrir un enseignement plus efficace.
– Autonomie et respect professionnels : donner aux enseignants un plus grand contrôle sur leurs programmes et leurs pratiques pédagogiques, ainsi que rehausser le statut social et la perception de la profession par le public.
– Développement professionnel de qualité : offrir un développement professionnel continu et de qualité ainsi que des parcours de carrière clairs pour accompagner les enseignants tout au long de leur carrière.
– Conditions de travail sûres et sécurisées : assurer un environnement de travail favorable qui prenne en compte la sécurité physique et la santé mentale des enseignants. Cela inclut la lutte contre la violence et le stress au travail.
– Dialogue social : veiller à ce que les enseignants et leurs représentants soient associés aux processus politiques et décisionnels à tous les niveaux de gouvernement.