Partout dans le réseau, les derniers budgets rectificatifs 2025 présentent des soldes budgétaires négatifs avant la bascule sur l’exercice suivant.
C’est budgétairement affaiblis que les CROUS entreront ainsi dans l’année 2026 alors même que les besoins augmentent, que les charges se diversifient et que les obligations réglementaires se multiplient.
Des déprogrammations massives reportées sur 2026
En parallèle, ces budgets rectificatifs (BR) 2025 actent de très nombreuses déprogrammations sur projets fléchés, immédiatement réinscrites dans les Budgets Initiaux 2026.
Cela signifie que l’année 2026 devra absorber une charge de travail exceptionnelle, avec des chantiers reportés, des opérations pluriannuelles, des investissements lourds et un volume d’engagements jamais vu.
Redéploiement d’ETPT : un dispositif pénalisant
Les CROUS sont soumis en 2026 à un énième redéploiement d’ETPT dans un dispositif d’emplois national constant.
Ce redéploiement ne reflète pas les besoins, mais la sous-consommation chronique d’emplois dans de nombreux établissements, une sous-consommation due, pour beaucoup, à des politiques RH régionales inadéquates, pas à un manque d’activité.
Résultat :
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des CROUS voient leur nombre d’emplois baisser alors que leur activité augmente,
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l’organisation du travail est rendue toujours plus fragile.
Ce redéploiement sanctionne des établissements dynamiques, ouverts, en développement alors même que les décisions gouvernementales augmentent la charge de travail : repas à 1 €, ouvertures de structures, obligations Égalim, exigences sociales nouvelles, etc.
La CFDT a demandé lors du CSA Central du 28 novembre 2025 la réalisation d’un audit au sein des CROUS pour comprendre les raisons de cette sous-consommation d’ETPT.
Un appel à “faire fructifier” les fonds propres, et un PLF 2026 insuffisant
Dans le même temps, les CROUS sont invités à accroître leurs ressources propres et à « optimiser » leurs activités, avec des objectifs de plus en plus ambitieux.
Concrètement, l’État pousse les CROUS à accroître leurs activités au-delà du raisonnable pour en extraire un maximum de recettes ; sans moyens humains supplémentaires, cela ne peut se faire qu’au détriment même de la mission sociale qui fonde notre réseau.
Le programme 231 s’en sort mieux au Projet de loi de finance (PLF) 2026 que d’autres secteurs… mais sans aucun renforcement des emplois.
Les crédits supplémentaires permettent tout juste de couvrir les besoins structurels : CAS pension, GVT et ancienneté, nouvelles structures, repas à 1 €, gestion de la CVEC, obligations Égalim.
Aucune création de postes, aucune revalorisation du dispositif d’emplois n’est prévue.
Un modèle économique dangereux
Le Budget Initial (BI) 2026 met en avant la “solidarité” et la “soutenabilité”. Mais dans les faits, ce sont les CROUS qui portent tout, pas l’État.
On exige désormais des établissements publics qu’ils fonctionnent comme des entreprises, en renforçant leurs recettes propres pour équilibrer leur budget.
Cette orientation met les CROUS en concurrence frontale, affaiblit la subvention pour charges de service public, fait peser la responsabilité financière sur les établissements eux-mêmes et organise un désengagement progressif de l’État.
En réalité, cela revient à dire : « Débrouillez-vous pour financer ce que l’État ne finance plus. »
La Cour des comptes l’a déjà souligné : ce modèle fragilise les conditions de travail des personnels et menace la mission sociale du réseau.
Conclusion
Les derniers BR 2025 montrent que les Restes à payer atteignent des niveaux très élevés dans de nombreux CROUS. Les BI 2026 réintègrent les projets reportés et ajoutent de nouveaux engagements structurants.
Mais la masse salariale reste inchangée.
Aucune anticipation n’est faite pour renforcer les services déjà en surcharge, absorber les projets reportés, suivre les chantiers en cours, accompagner la montée en charge des nouvelles structures, assurer le quotidien dans les résidences, RU, guichets et services sociaux.
Les équipes restent sous-dimensionnées alors que les missions augmentent.