Pour un IA-IPR, accompagner l'évolution des pratiques pédagogiques individuelles et collectives, c'est tenir la promesse démocratique de l'école.
Anne Boucker est IA-IPR d’Histoire-Géographie dans l’académie de Caen.
Dans quelle mesure joues-tu un rôle dans la réussite des élèves?
Les IA-IPR ont une vision systémique de l’École, étant présents du cycle 3 à l’entrée dans l’enseignement supérieur. La mission des corps d’encadrement n’a de sens que dans une prise en charge collective du parcours de chaque élève. Pour être en mesure d’impulser le travail collectif des enseignants, les corps d’encadrement doivent eux aussi s’engager dans des dynamiques collectives. C’est le cas notamment dans les bassins d’éducation, qui, dans mon académie, sont co-pilotés par un inspecteur du premier degré, un inspecteur du second degré et un personnel de direction. Une dynamique collective des corps d’encadrement est indispensable à la réussite des élèves.
Une dynamique collective des corps d’encadrement est indispensable à la réussite des élèves.
Comment cela se traduit-il sur le terrain?
En tant qu’IA-IPR référent de collège, je travaille avec les IEN de circonscription, les conseillers pédagogiques et des formateurs du second degré à la conception et à la mise en œuvre d’actions de formation inter-degrés, axées sur la continuité des apprentissages au cycle 3. Au lycée, l’IA-IPR référent accompagne les initiatives de rapprochement avec l’enseignement supérieur. Dans sa discipline, l’IA-IPR organise des formations communes entre enseignants de lycée et du supérieur pour une meilleure connaissance mutuelle et un travail de liaison plus efficace au service de l’accès et de la réussite des jeunes dans l’enseignement supérieur.
Quel est, à ton avis, le défi majeur que doit relever l’école aujourd’hui?
L’École de la République a réussi la massification, elle doit aujourd’hui réussir le défi de la démocratisation, dans le contexte d’un XXIème siècle où le rapport au savoir, à l’information, à l’apprentissage est profondément bouleversé. Les évolutions de l’enseignement de l’histoire et de la géographie sont emblématiques de ces enjeux : ces disciplines sont porteuses d’une formation intellectuelle, culturelle et civique indispensable à l’exercice de la citoyenneté. Mais connaître par cœur une série de dates ou de chiffres ne peut suffire si l’on n’a pas appris à questionner, raisonner, décrypter.
Connaître par cœur une série de dates ou de chiffres ne peut suffire si l’on n’a pas appris à questionner, raisonner, décrypter.
On caricature trop souvent la notion de compétences, aujourd’hui au cœur de la scolarité obligatoire avec le Socle commun, tentant de la réduire à une visée immédiatement et médiocrement opérationnalisante. Alors qu’être compétent, c’est une ambition très élevée pour nos élèves, c’est l’autonomie non seulement fonctionnelle, mais surtout intellectuelle qui permet de ne pas être dupe et de toujours continuer à apprendre ; c’est l’idéal humaniste offert à tous, la tête bien faite plutôt que seulement bien pleine. L’école doit être démocratique et émancipatrice.
Quel est le sens de ton engagement syndical?
Mon engagement au Sgen-CFDT, syndicat inter-catégoriel, me permet de conforter la vision systémique de l’école que nous devons avoir pour lui permettre d’évoluer. Cela permet de dépasser les cloisonnements entre degrés et corps d’encadrement et d’avoir ainsi une vraie réflexion globale sur l’école, de la maternelle à l’université. Un syndicat corporatiste ne permet pas de porter un projet cohérent pour l’école telle que nous la souhaitons.