Math'Gic à Gennevilliers est un forum organisé par une association locale "le Jardin des Maths" pour sensibiliser les élèves à cette sciences dite "dure". Rencontre avec Richard Merra, conseiller délégué de la municipalité pour échanger sur cette alliance éducative avec l'éducation nationale.
Rendre les choses concrètes et simples, voilà un défi important quand on parle de maths. C’est la mission du Jardin des Mathématiques, une association gennevilloise qui intervient dans et en dehors des temps de classes, en collaboration avec les équipes enseignantes de la maternelle au lycée. Le Graal pour un enseignant est en effet le « transfert de connaissances », une dimension partagée par la municipalité qui a choisi de se donner les moyens de cette ambition à travers des propositions éducatives.
Rencontre avec Richard Merra, Ancien adjoint à l’éducation, aujourd’hui conseiller-délégué à la Mairie de Gennevilliers, mais aussi avec les acteurs et les actrices du projet.
Une ville engagée 
La responsabilité d’une ville sur l’éducation prise au sens large est importante. Elle ne se confond pas avec l’éducation formelle et académique qui, elle, relève de l’Éducation nationale. Toutes deux sont évidemment complémentaires.
À Gennevilliers, on a théorisé cela en dépassant le simple « clos et couvert » vis-à-vis du partenaire Éducation Nationale. Pour le Maire et Richard Merra, il y a la volonté d’aller plus loin et de s’intéresser aux contenus éducatifs. Aussi la ville qui n’est plus un prestataire est devenu un partenaire de l’éducation nationale. Il n’y a pour elle aucune confusion dans cette orientation. Il ne s’agit pas de « municipaliser » l’enseignement, mais de flécher des moyens financiers, humains, « bâtimentaires » pour favoriser des alliances éducatives qui soient pleines de sens. Ce sont des ressources utiles pour les professeurs et autres éducateurs, au même titre qu’un musée ou une bibliothèque.
Sortir de la classe, c’est un plus aussi pour les « sciences dures ».
C’est dans ce cadre que la ville a choisi d’investir cette science dite « dure » et si fondamentale qu’est la mathématique. Ainsi, soutient-elle depuis 20 ans maintenant ce projet d’équipement ambitieux qu’est le Jardin des Mathématiques.
Une association au service des élèves, des parents et des enseignants
Le Jardin des Mathématiques est l’association qui pilote l’action Math’Gic. Elle fonctionne toute l’année via un équipement mis à disposition par la ville. Ce choix politique fort facilite une approche des maths ludiques autant pour les enfants que les jeunes ou les parents. Il assure plusieurs missions :
- Un forum Math’Gic d’une semaine, où près de 2000 élèves de la maternelle au lycée viennent manipuler des notions mathématiques, qu’ils retrouveront sous d’autres formes dans les programmes de l’Éducation Nationale.
- Un local associatif où les élèves peuvent aller toute l’année avec leur enseignant pour aborder en ateliers, certaines notions mathématiques. Les enseignants peuvent aussi y venir construire leurs propres outils en utilisant les ressources et l’expertise de l’association.
C’est aussi un partenariat de formations continues et initiales avec l’Éducation nationale et l’Université. Des formations sont en effet construites via : la « mission maths » du rectorat pour le premier degré, via un labo-maths inter-degrés et des accueils sur site avec l’INSPE. Il met aussi à disposition un atelier pour construire des séquences et supports pédagogiques.
Laisser les élèves travailler différemment et en complémentarité avec la classe
L’idée du forum est de laisser les enfants découvrir à leur guise certaines notions pendant un atelier qui dure une heure environ. Là, ils et elles vont pouvoir manipuler, tester, se tromper, recommencer à leur guise tout en étant guidé par un animateur, une animatrice du jardin des mathématiques. Par petits groupes, ils ont la possibilité d’échanger et de se confronter à des notions mathématiques souvent abstraites quand on les aborde en classe. La coopération y est essentielle. Elle permet d’enseigner les démarches collectives. Pour Marion, enseignante de CM1 :
On fait là des choses que l’on ne peut faire en classe faute de matériel ou faute de temps. C’est une façon aussi de remédier à l’hétérogénéité des classes. Certains élèves en difficulté peuvent prendre plaisir à découvrir des notions, acquérir des compétences. Surtout, on peut leur consacrer un temps pour eux, en petits groupes, chose difficile quand on a 23 élèves comme moi.
Évidemment, ces notions seront revues en classe à l’issue et exploiter comme il se doit.
Travailler au-delà de la classe avec les mamans
Mais l’action du jardin des mathématiques ne s’arrête pas là. Comme le dit Richard Merra, de nombreuses interventions sont l’occasion de rencontrer les mamans qui accompagnent les classes. Sollicité par ces dernières qui souhaitent revenir sans les enfants, le Jardin des mathématiques est en train de construire des ateliers pour les acculturer aux maths. Ainsi, ça pourrait-être par leur intermédiaire, que la discipline entrera les foyers. Ces femmes pourraient ainsi devenir des interlocutrices légitimes et privilégiées pour leur enfant à la maison et les enseignants à l’école
Ce choix politique coûte évidemment. C’est pour Math’Gic une subvention de fonctionnement d’environ 50 000 € et une mise à disposition de la salle des fêtes. Pour le Jardin des Mathématiques, c’est un budget d’investissement, mais aussi de fonctionnement qui est relatif à l’équipement.
Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, cet exemple d’alliances éducatives, quand il y a un choix politique fort d’une collectivité territoriale, peut être gage d’une réussite pour l’ensemble de la communauté éducative.