Alors que la réforme du collège voudrait prôner davantage de travail collectif et interdisciplinaire des enseignants, certains chefs d'établissements ou inspecteurs posent des limites incompréhensibles à la participation des profs doc à ce travail, notamment les EPI et l'AP.
Incompréhensible car sur le terrain et bien avant la réforme, le métier de prof doc consiste à créer un outil de travail, le CDI, dans lequel il propose un accompagnement personnalisé à tous les élèves hors de la « classe ». Incompréhensible car les professeurs documentalistes n’ont pas attendu les EPI pour créer des projets pédagogiques interdisciplinaires où ils veillent à l’acquisition de compétences documentaires.
les professeurs documentalistes n’ont pas attendu les EPI
Pour aider les profs doc à faire valoir d’abord leur droit, le Sgen-CFDT rappelle quelques extraits de textes réglementaires sur les documentalistes :
Ainsi la circulaire du 30/6/2015 sur les enseignements au collège précise tant pour l’AP (partie 3) que pour les EPI (partie 2) que « Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d’éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans [leur] conception et à participer à [leur] mise en œuvre. »
Les professeurs documentalistes sont bien titulaires d’un CAPES. À ce titre, ils s’appuient pour leur enseignement, comme toutes les autres disciplines, sur « les contenus disciplinaires des programmes d’enseignement déclinant le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, que les élèves doivent acquérir au meilleur niveau de maîtrise possible » comme l’indique là encore la circulaire du 30/6/2015 sur les enseignements au collège.
Le référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation du 1/7/2013 précise dans les compétences spécifiques aux profs docs qu’ils sont « enseignants et maîtres d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias »
Enfin, le BO du 26/11/2015 cite explicitement à plusieurs reprises les professeurs documentalistes dans l’organisation et la conception de pratiques interdisciplinaires. Plus encore, les professeurs documentalistes sont directement à la manœuvre en ce qui concerne le nouvel enseignement EMI : « présente dans tous les champs du savoir transmis aux élèves, l’EMI est prise en charge par tous les enseignements. Tous les professeurs dont les professeurs documentalistes veillent collectivement à ce que les enseignements dispensés en cycle 4 assurent à chaque élève… [suivent trois items définissant les compétences à acquérir]»
légitimité pédagogique des professeurs documentalistes
Au-delà du droit et des textes officiels, l’étymologie et l’histoire de l’éducation consacrent la légitimité pédagogique du professeur documentaliste (qui n’est pas un professeur de la discipline documentation). Dans le livre Documentaliste leur histoire de 1900 à 2000, l’auteure, Marie-France Blanquet, rappelle l’étymologie du mot « document », ce qui sert à enseigner, de doceo, j’enseigne. Le mot professeur apparaît au 12ème siècle ( « professer » vient du latin pro (en avant) et fero (je porte) : porter à la connaissance de tous. Le mot « documentaliste » apparaît au 19ème. C’est le dernier né des profs. Le mot discipline vient du mot latin discipulus, l’enfant qui apprend, dérivé du verbe disco, j’apprends. La situation s’est inversée : la discipline est devenu ce que l’on transmet. L’activité de l’élève (discipline) est devenue enseignement, transmission d’une doctrine. Elle marque la prégnance du savant sur l’élève : « le discere a été écarté au profit du docere. »